Résumé Index Plan Texte Notes Citation Auteur Résumés Les trains, le père cheminot et le voyage en train sont des thèmes récurrents dans l’œuvre de Pablo Neruda. Le discours nerudien, dans La Frontière 1904 et La maison, deux poèmes du Chant général, ont le pouvoir d’aller au-delà de l’autobiographie. Le poète y chante la complexité du monde. Ainsi le thème du train est le motif où s’entrelacent des expériences diverses et contradictoires. Ce qui donne une image du chemin de fer riche, complexe et hautement symbolique. Los trenes, el padre ferroviario y el viaje en tren son temas recurrentes en la obra de Pablo Neruda. El discurso nerudiano en “La Frontera 1904” y “La casa”, dos poemas del Canto general, tienen el poder de ir más allá de la autobiografía. El poeta canta aquí la complejidad del mundo. De este modo el tema del tren es el motivo donde se entrelazan experiencias diversas y contradictorias. Lo que da una imagen del ferrocarril rica, compleja y altamente de page Entrées d’index Index géographique Chili Index chronologique XXeHaut de page Texte intégral 1 La Frontera La Frontière est le nom de la région de pionniers de la forêt de Malleco et de Cautín ... 2 Pour le thème des trains de pays lointains voir Transiberiano in Las uvas y el viento 1954 et O ... 1Le père cheminot, le voyage en train de La Frontera1 à Santiago du Chili, les viaducs, le matériel roulant, les chemins de fer de pays lointains2, le train hurlant », les locomotives sous la pluie, les trains de nuit et les convois traversant l’espace de La Frontera où s’est déroulée l’enfance du poète sont des thèmes récurrents dans l’œuvre de Pablo Neruda. 3 En el tren in Pablo Neruda, Cuadernos de Temuco 1919-1920, Barcelone, Seix Barral coll. “Biblioteca ... 4 Puentes et Maestranzas de noche in Pablo Neruda, Obras, cit., vol. I, p. 52 et p. 53. 5 Panorama del Sur, Viaje, Atracción de la ciudad in Pablo Neruda, El río invisible. Poesía y prosa d ... 6 Provincia de infancia et Soledad de los pueblos in Anillos. Prosas in Pablo Neruda, Obras, cit., vo ... 2Le chemin de fer apparaît très tôt dans sa poésie. Le thème est déjà présent dans les premiers poèmes, écrits alors qu’il avait entre quinze et seize ans. Ainsi, dans un sonnet de Cuadernos de Temuco 1919-19203, le poète adolescent évoque les paysages vus depuis la fenêtre du wagon et les voyageurs qui montent et descendent des voitures. Dans Crepusculario 1920-19234 deux poèmes, Puentes et Maestranzas de noche évoquent les ouvrages d’art et les ateliers du chemin de fer. Le 19 octobre 1924 – Neruda a vingt ans – un texte en prose est publié dans le journal El Mercurio5 de Santiago du Chili. Il s’agit d’un texte structuré en deux parties qui concernent deux moments consécutifs d’un même voyage en train, probablement de Temuco à Santiago. La première partie, Viaje, décrit un voyage de nuit et évoque l’étoile du matin qui paraît suivre le convoi jusqu’à l’aube quand commencent à se profiler les gares que le train traverse et que l’image du jeune voyageur se reflète dans la vitre. La deuxième partie, Atracción de la ciudad, est la suite de ce même voyage pendant la matinée. Dans ce texte riant et plein de lumière, le printemps est évoqué par les pommiers en fleur et les cerfs-volants, puis le train arrive dans la grande ville. Enfin, avant la publication du Chant général, en 1950, deux textes en prose seulement, de 1926, traitent du chemin de fer ils évoquent une voie ferrée qui traverse une triste ville de province6. Les années suivantes les voyages de Neruda en Orient, la guerre civile espagnole et les déplacements du poète en Amérique latine détournent l’intérêt de l’artiste pour le thème du train. 3Le thème du train de l’enfance revient vingt-quatre ans plus tard dans le Chant général, œuvre majeure de la poésie nerudienne. Ce recueil, qui marque profondément la poésie de langue espagnole de la deuxième moitié du XXe siècle, est un vaste chant de deux cent trente textes organisés en quinze sections. 7 Pablo Neruda, Canto general 1950 in Obras, cit., vol. I. À partir d’ici nous utiliserons, avec de ... 8 La Frontera 1904, ibidem, p. 693. 4La quinzième et dernière de ces sections, Je suis7, est composée de vingt-sept poèmes. Parmi eux les textes intitulés La Frontière 1904 et La maison traitent de l’image du train dans une triple relation d’abord en ce qui concerne l’enfance du poète, ensuite dans les rapports entre l’enfant et son père cheminot, enfin, en liaison avec l’espace géographique du Sud chilien. Les poèmes La Frontière 19048 et La maison introduisent une organisation chronologique de l’ensemble. Le premier porte la date de 1904, année de naissance de l’auteur. Ainsi dans Je suis Neruda aborde successivement les espaces de son enfance dans les territoires de La Frontera, ensuite sa trajectoire dans la capitale pendant les premières années de sa jeunesse, enfin, ses voyages à travers le monde et ses expériences d’adulte. De de fait, les derniers textes de cette section concernent, entre autres, les testaments poétiques, ses dernières volontés et un colophon, Je m’arrête ici. Cette section possède en quelque sorte la structure d’une autobiographie lyrique et le train y est un élément de la plus haute signification symbolique. Le train dans La Frontière 1904 5Dans cette perspective autobiographique La Frontière 1904 propose deux occurrences qui renvoient au train. Elles se trouvent dans la strophe initiale et dans la dernière vv. 28-33. Le chemin de fer y est perçu à travers les yeux de l’enfant qu’un Neruda quadragénaire se remémore. 6Dans la première strophe les images corrélatives du père et du chemin de fer sont proposées dans l’enjambement des vers 8 et 9, à la fin de deux énumérations. La première d’entre elles constitue une phrase poétique qui se déploie dans les quatre vers qui ouvrent le texte. 9 Ce que je vis d’abord ce furent / des arbres, des ravins / décorés de fleurs belles et sauvages / ... Lo primero que vi fueron árboles, barrancasdecoradas con flores de salvaje hermosura,húmedo territorio, bosques que se incendiabany el invierno detrás del mundo, 7Cette énumération – arbres », ravins », fleurs », territoire humide », forêts » et hiver » – renvoie à l’univers naturel de La Frontera du début du siècle. C’est un paysage vierge et limpide où le travail de l’homme n’a pas encore laissé de traces. Tous ces éléments appartiennent à l’ordre du naturel. 8Par contre, la deuxième énumération vv. 5-7 est chaotique souliers mouillés », troncs brisés », lianes », scarabées », journées douces », avoine » 10 J’eus pour enfance des souliers mouillés, des / troncs brisés / tombés dans la forêt, dévorés par ... Mi infancia son zapatos mojados, troncos rotos caídos en la selva, devorados por lianasy escarabajos, dulces días sobre la avena […]10 9L’extrême confusion des expériences enfantines est suggérée ici par la réunion arbitraire d’éléments appartenant à des ordres sémantiques très éloignés les uns des autres. Ainsi des catégories aussi diverses que le vêtements, le végétal, le zoologique, le temps, l’émotion et la production agricole sont contiguës. Une telle énumération ne s’arrête pas là. Elle continue après une virgule, suivie immédiatement par une conjonction et » insérant les derniers objets de la série. Ainsi 11 la barbe dorée de mon père partant / pour la majesté des chemins de fer ». Y la barba dorada de mi padre saliendoHacia la majestad de los ferrocarriles11 introduit des éléments d’un tout autre ordre dans cet inventaire. Ces deux vers ajoutent simultanément, par métonymie, l’univers familial du moi poétique qui appartient à l’ordre du conceptuel et le transport par voie ferrée qui appartient à l’ordre du construit industriellement 10Ces deux énumérations s’organisent à partir de deux catégories de temps qui suggèrent parallèlement l’évolution de l’enfant vers la maturité et l’évolution de l’humanité qui progresse de l’état naturel vers une modernité majestueuse. Ainsi on y trouve d’abord l’expérience intime de l’enfant qui mûrit en découvrant la terre intacte, encore inhabitée, où la nature prolifère et s’autodétruit librement. La deuxième énumération propose un espace où la nature se mêle à l’action et aux produits de l’homme. Le chemin de fer fait partie de cette dernière catégorie. Il représente le point culminant de ce processus d’humanisation du paysage. 11D’ailleurs, ces inventaires lyriques s’organisent aussi selon deux ordres de valeurs pour le Moi poétique. Le premier est négatif. Il concerne le territoire humide », la forêt en feu », l’hiver en crue derrière le monde », les souliers mouillés », les troncs brisés / tombés dans la forêt dévorés par les lianes et les scarabées». Le deuxième ordre est positif. Il se compose de ravins décorés de fleurs belles et sauvages », de journées douces sur l’avoine », de la barbe dorée » du père. Le niveau supérieur de la positivité est donc la majesté des chemins de fer ». 12Dans les vers 8 et 9 l’usage de la métonymie la barbe pour désigner le père permet de conserver le rapport logique entre l’attribut extérieur de la figure paternelle et son travail de conducteur de train. Métonymie qui, par un rapport de contiguïté, suggère en même temps sa fonction au sein de la famille comme de l’univers ferroviaire. Ainsi, le poète évoque l’enfant qu’il fut et pour lequel existait une relation indissoluble entre la majesté » du chemin de fer et la blondeur de la barbe paternelle. Du reste, dans ce catalogue désordonné, la proximité entre l’avoine » et la barbe dorée » du père établit un trait d’union entre le bonheur de ces journées douces » et la fierté que l’enfant ressent devant le métier paternel. 13La deuxième référence au chemin de fer apparaît dans la dernière strophe de ce poème. Dans l’intervalle, les strophes deux, trois, et quatre qui la précèdent évoquent un monde rural pléthorique. Dans ce monde se succèdent les saisons – la pluie australe » de l’hiver, le soleil rapide » parce que bref de l’été et les chaumes, denses fumées » de l’automne – qui laissent dans le souvenir du poète les sonorités, les images et les saveurs puissantes de la nature et des fruits travaillés par l’homme. La référence au chemin de fer se cristallise grâce au souvenir nostalgique des voyages en train à travers cet espace de l’enfance qu’est La Frontera 12 Mon enfance parcourut les saisons avec autour de moi, / les rails, les châteaux de bois frais / ... Mi infancia recorrió las estaciones entrelos rieles, los castillos de madera reciente,la casa sin ciudad, apenas protegidapor reses y manzanos de perfume indeciblefui yo, delgado niño cuya pálida formase impregnaba de bosques vacíos y 13 Ici notre traduction diverge de celle que C. Couffon propose pour estaciones » dans sa version du ... 14Le premier segment du vers 28, Mon enfance parcourut les gares…» paraît reprendre le rapports de proximité que l’image paternelle établit entre l’enfant et le métier de conducteur de trains. Mais en espagnol le mot estación » est un terme polysémique. Ainsi le dictionnaire de la Real Academia Española propose dix-huit entrées exposant les différents emplois du vocable. Et parmi eux gare de chemin de fer » ou chacune des quatre saisons de l’année » ; mais on peut aussi le comprendre dans les sens de lieu où l’on s’arrête lors d’un parcours »13. La polysémie évidente du mot estación » vient ici enrichir les sens que le poète suggère. Et ceci parce que estaciones » peut suggérer également les étapes du temps qui passe. Ainsi un tel mot peut évoquer les différentes étapes d’un parcours existentiel. Dans la première strophe on voit le père partir vers la majesté des chemins de fer », dans la dernière c’est l’enfant qui parcourt les gares et regarde le monde depuis le train en marche. Cette signification du mot estación » comme temps qui passe », peut également suggérer les saisons de l’année, thème développé par le poète dans les strophes deux, trois et quatre. 14 À propos des thèmes concernant les ponts et chaussées ouvrages d’art et le matériel roulant voir ... 15Néanmoins le contexte dans lequel Neruda place le mot estación » et le contenu des vers qui suivent imposent le sens de gare de chemin de fer ». Les deux points présents dans ce vers 28, suivis de la préposition entre », amplifient le sens textuel le Moi lyrique se place au milieu des éléments qui constituent l’univers ferroviaire14. De la sorte, aux gares » s’ajoutent les entrepôts » et les rails » pour suggérer l’ensemble des bâtiments et des installations. Les mots entrepôts » et rails » impliquent donc le transport et la circulation des passagers et des produits par voie ferrée. De ce fait le bois frais » évoque le parfum des planches qui viennent d’être arrachées à la forêt et s’empilent en ordre strict dans les châteaux » des gares ferroviaires avant d’être expédiées par trains de marchandises vers les dépôts des grandes villes du Nord du pays. 15 Le thème du voyage en train et la terre des origines revient quelques années plus tard dans Escrito ... 16Les images de La Frontera que le poète adulte a gardées dans sa mémoire se déploient ensuite comme si l’enfant évoqué par Neruda regardait depuis la fenêtre d’un wagon le paysage du Sud chilien. Ainsi l’image de la maison sans ville » fait référence au territoire national, à peine peuplé du début du siècle. La préposition négative sans », pour sa part, dénote la carence et suggère une demeure solitaire au milieu des champs. La fragilité de la maison est accentuée ici par à peine protégée », où la locution adverbiale à peine » dénote la maigre défense que peut constituer la présence de troupeaux et de pommiers» face à l’isolement et à la violence des agressions du vent et de la pluie. Le paysage de La Frontera qui se construit à travers les images des gares et de la campagne15 s’imprègne également de sensations qui s’ajoutent à celles évoquées par les strophes précédentes. Ainsi les pommiers au parfum ineffable » établissent un lien avec l’odeur du bois frais », le monde poussiéreux [des] hangars », les caves entassant le rouge résumé / du noisetier », la robe torride de l’été », etc. 16 Voir à propos de ce poème l'étude de Javier Garcia Mendez, La impregnación consonántica y acentual ... 17De la sorte, dans cette perspective autobiographique l’enfant à la forme pâlotte », imprégné par l’univers de La Frontera, voit le point culminant de son parcours dans ce mouvement qui va de la nature pleine de la première image du poème aux forêts vides » et aux entrepôts » du dernier vers. Le train devient ainsi élément de la métaphore complexe d’un voyage à la fois personnel et collectif16. Les cheminots dans La maison17 17 La casa in Pablo Neruda, Obras, cit., p. 695. 18L’image idéale de l’enfance offerte par le poème liminaire de cette section de Chant Général contraste avec l’évocation de La casa, la demeure où Neruda vécut ses premières années dans La Frontera. C’est ici que le rapport entre le poète et l’univers du chemin de fer se fait plus net. Dans ce texte Neruda présente l’univers ferroviaire sous un jour complètement différent. La période et la région poétisées sont les mêmes que celles du texte précédent. Mais les expériences travaillées ici appartiennent à une autre zone de souvenirs que le poète garde en lui. Cette évocation est peuplée d’éléments naturels et humains déchaînés les vents, le froid, les coups de feu, les galopades des chevaux, d’ombres la nuit, la terre dans les ténèbres, de menaces la colère, l’abandon, les irruptions étrangères au foyer, d’angoisses et de pauvreté. 18 Ma maison et ses murs de planches fraîches / dont je sens encore le parfum branlante et biscorn ... Mi casa, las paredes cuya madera frescarecién cortada huele aún destartaladacasa de la frontera […]18 19La maison évoquée ici se transforme par le biais d’une métaphore complexe. Elle produit un transfert de sens entre la chaumière en bois et l’oiseau. La maison branlante et biscornue » est un logement fragile qui craquait à chaque pas, et où sifflait le vent de guerre ». Cette habitation risque d’être emportée par le vent et devient l’ oiseau inconnu / aux plumes glacées sous lesquelles grandissait mon chant ». Ainsi, d’une part, la métaphore propose la fragilité du logis face à l’agression des éléments et, d’autre part, elle suggère le lieu où l’enfant est né à la poésie. Plus loin, le foyer de l’enfant est l’objet de sombres comparaisons, imprégnées d’impressions négatives. Le monde de l’enfance est assimilé au monde végétal dans une vaste comparaison où la croissance des plantes et de leurs racines rejoignent l’évolution humaine, celle de l’enfant et sa famille, et s’y entrelacent. 20Quant à l’image du père cheminot, le plaisir lumineux des journées douces sur l’avoine » du premier poème laisse place à l’angoisse des nuits / coléreuses et sans air, des chiens qui aboyaient ». Cette image suggère la peur de l’enfant réveillé au milieu de la nuit et déconcerté par la voix de son père se disputant avec sa femme la mamadre » au sein de la noirceur nocturne. Dans l’étouffante obscurité sans air », la terreur enfantine suscitée par les voix hargneuses des parents est multipliée par les hurlements des chiens enragés autour de la maison. Neruda renforce l’effet hyperbolique de son image lorsqu’il détache typographiquement le passage et souligne par ce moyen la référence à cette atmosphère angoissante. En isolant et en déplaçant le mot enrarecidas », il accentue et intensifie l’effet sonore de la menace, soulignée par les allitération en r » 19 des nuits / coléreuses et sans air, des chiens qui aboyaient ». en[R]a[R]ecidasnoches de cóle[R]a, pe[RR]os que lad[R]aban19 21C’est dans cet espace sombre et menaçant que l’image du monde ferroviaire réapparaît, expressément énoncée, une image toujours liée à la figure paternelle. Mais, cette fois-ci, elle se construit à l’opposée du père sacré qui partait vers la majesté des chemins de fer » du poème liminaire. Ici, dans les vers 17-18, le poème revêt la forme d’une longue et complexe interrogation qui traduit bien l’appréhension de l’enfant assistant impuissant au départ de son père vers un univers ferroviaire mal connu. 20 Avec l’aube, mon père, sur la terre enténébrée, / se faufilait dans ses trains qui hurlaient. / V ... Mi padre con el alba oscurade la tierra, hacia qué perdidos archipiélagosen sus trenes que aullaban se deslizó ?20 22Bien que l’image du père conducteur de locomotive apparaisse ici liée à l’aurore libératrice des peurs nocturnes, ce qui pourrait être une consolation, il n’en est rien. Il s’agit bien sûr ici d’une aube », mais elle s’ouvre sur une terre enténébrée ». L’oxymore alba oscura » permet au poète de prolonger la noirceur de la nuit sur la naissance du jour et de l’étendre sur la terre entière. De ce fait, c’est aussi l’angoisse de l’enfant qui s’étend, obscurcissant le jour qui arrive. 23D’autre part, comme faisant écho aux chiens qui aboient dans la nuit, le train du père qui s’éloigne hurle » comme une bête en perdition dans ces matins sombres. Ce train-là part vers un monde fragmenté qui adopte la forme des archipels » perdus dans un vaste territoire. L’image traduit l’idée d’un réseau de chemin de fer perçu comme un ensemble de lignes qui desservent des bourgades isolées incrustées comme des îles dans les énormes espaces encore vierges de La Frontera. 24Puis les vers 19-22 introduisent une rupture dans la perspective du temps et du ton que le poète impose depuis le début du texte 21 Plus tard j’ai aimé l’odeur du charbon dans la fumée, / les huiles, les essieux, leur précision g ... Más tarde amé el olor del carbón en el humo,los aceites, los ejes de precisión helada,y el grave tren cruzando el invierno extendidosobre la tierra, como oruga 25Interrompant donc avec ce Plus tard …» l’évocation de l’enfance tragique, le poète introduit un passé plus récent, celui de l’âge adulte où il perçoit autrement le train et ses significations. Ici l’homme mûr travaille ses souvenirs et nuance la perception première de l’univers ferroviaire valorisant certaines expériences plus fraîches. Ainsi, en opposition à ce monde de ténèbres de l’enfance, il affirme avoir aimé l’odeur du charbon dans la fumée, / les huiles, les essieux, leurs précision glacée ». Ici la progression à travers les éléments donne une réalité matérielle au train. On passe du plus subtil au plus solide. Ainsi l’on va de la matière gazeuse et des fines particules de charbon qu’elle contient à la matière liquide, grasse et onctueuse des huiles pour arriver ensuite aux parties métalliques de la machine. 26Dans ces vers l’accumulation de synecdoques proposée par les différents éléments mécaniques du chemin de fer suggère un train au sens général du terme. Mais ce train quelconque laisse la place après une conjonction et » à un train singulier. C’est le train grave » de La Frontera, convoi humanisé qui traverse l’hiver allongé sur la terre ». Les touches humanisantes – le caractère grave » de ce train, la précision glacée » des éléments de la machine et l’hiver allongé » – maintiennent néanmoins le ton tragique des premiers vers de ce poème. Mais la représentation ne s’arrête pas là, car à la grave humanité de l’ensemble s’ajoute la condition zoomorphique de l’ orgueilleuse chenille ». La gracieuse métaphore offre une double vision de la locomotive et de ses voitures humaines et animales à la fois, elles avancent et ondulent dans l’espace. L’image plaisante du poème liminaire réapparaît donc, évoquant les journées douces » de l’enfance liées ici à cette représentation charmante, et établissant un lien avec la majesté de chemins de fer » du premier poème. 27Mais cette insertion dans le corps du texte d’un élément correspondant à une digression affable et tendre laisse à nouveau place aux souvenirs angoissants de l’enfance du Moi poétique. La violence de l’arrivée d’un père envahissant le foyer est renforcée par les allitération en R et la position, éloignée de la marge, du vers 24 22 Soudain les portes ont trépidé. / Voici mon père ». De p[R]onto t[R]epida[R]on las pue[R]tas». Es mi pad[R] 28Ce dernier vers, Voici mon père », constitue à lui seul une phrase poétique. Ce procédé stylistique souligne typographiquement la présence négative du père cheminot comme élément central du poème. 23 En 1963 Neruda reprend ce thème dans El padre. Ce texte s'ouvre sur une image nocturne dans laquell ... 29Ainsi l’univers du train fait irruption dans la maison à travers la figure paternelle23. Mais il n’arrive pas seul. Il vient entouré de ses centurions », métaphore qui renvoie aux cheminots et renforce l’impression suscitée par ce père sorti de l’univers du chemin de fer. Image guerrière, elle fait écho au vent de guerre » des premiers vers. Les cheminots- centurions » sont revêtus des attributs de la légion qui conduit les trains. Les emblèmes qu’ils portent sont leurs vêtements mouillés mantas mojadas ». Enfin l’eau, symbole du monde extérieur qui pénètre brusquement dans la maison, se présente sous ses différents états et, à l’état de vapeur, occupe une position centrale. Cette vapeur signifie la force motrice de la modernité au début du siècle, et celle du chemin de fer dans ce cas particulier. 24 Dans ses mémoires Neruda revient sur le rapport entre le train et les conditions de vie misérables ... 30Ce sont les cheminots qui vont revêtir la maison d’un nouveau caractère. Ils confèrent une condition différente au foyer de l’enfant poète. Car la salle à manger se remplit d’hommes qui boivent et rapportent des récits prononcés d’une voix enrouée. C’est là que le Moi poétique entend parler pour la première fois de la douleur due à la misère des salariés du rail. Jusqu’alors l’enfant était séparé comme d’une barrière » de ce monde de misère24. C’est dans cette maison envahie par ces hommes dignes et durs dans leur pauvreté que le jeune enfant apprend à connaître les chagrins, les blessures et les souffrances du monde ouvrier pris dans la griffe minérale de la pauvreté ». 31Cette expression métaphorique, la griffe minérale », qui associe deux termes appartenant à deux champs sémantiques différents qui s’excluent mutuellement, suggère le dénuement des travailleurs de l’univers ferroviaire. Ainsi, la force et la forme pointue et crochue de la griffe » à laquelle est accolé l’adjectif minérale » matérialisent la dureté de l’emprise. L’effet est saisissant car il fait naître une impression de destin immuable. Il suggère l’extrême difficulté et la violence des relations humaines dans cet espace en gestation qu’est La Frontera à cette époque. Ainsi le poème conduit le lecteur d’un univers intime où cette symbolique du train acquiert des significations tragiques à un monde plus vaste, celui d’une condition sociale dramatiquement liée au chemin de fer. 32Les thèmes abordés et le temps évoqué font de La Frontière 1904 et de La maison des textes autobiographiques. Cependant Neruda dépasse la simple circonstance personnelle. Nous nous trouvons ici aux antipodes d’une description égotiste. Le discours nerudien a le pouvoir d’aller au-delà, car il chante la complexité du monde. Ainsi le thème du train fait partie de cette démarche. Le train, pour Neruda, est le motif où s’entrelacent des expériences diverses et contradictoires. L’image du chemin de fer qui en résulte est riche, complexe, hautement symbolique. Haut de page Notes 1 La Frontera La Frontière est le nom de la région de pionniers de la forêt de Malleco et de Cautín qui autrefois séparait le territoire des Indiens mapuches et les terres occupées progressivement par les colons chiliens. 2 Pour le thème des trains de pays lointains voir Transiberiano in Las uvas y el viento 1954 et Oda a un tren en China in Navegaciones y regresos 1959 in Pablo Neruda, Obras, Buenos Aires, Losada, cinquième édition, 1993, vol. I., pp. 798-801 et vol. II, p. 799. 3 En el tren in Pablo Neruda, Cuadernos de Temuco 1919-1920, Barcelone, Seix Barral coll. “Biblioteca breve”, 1997, p. 85. 4 Puentes et Maestranzas de noche in Pablo Neruda, Obras, cit., vol. I, p. 52 et p. 53. 5 Panorama del Sur, Viaje, Atracción de la ciudad in Pablo Neruda, El río invisible. Poesía y prosa de juventud, Barcelone, Seix Barral, coll. “Biblioteca breve” / “Poesía” n° 457, 1980, p. 192. 6 Provincia de infancia et Soledad de los pueblos in Anillos. Prosas in Pablo Neruda, Obras, cit., vol. I, p. 141 et 143. 7 Pablo Neruda, Canto general 1950 in Obras, cit., vol. I. À partir d’ici nous utiliserons, avec des modifications, la traduction française de Claude Couffon Chant général, Paris, Gallimard, 1977. 8 La Frontera 1904, ibidem, p. 693. 9 Ce que je vis d’abord ce furent / des arbres, des ravins / décorés de fleurs belles et sauvages / un territoire humide, des forêts en feu / et l’hiver en crue derrière le monde ». 10 J’eus pour enfance des souliers mouillés, des / troncs brisés / tombés dans la forêt, dévorés par les lianes / et les scarabées, j’eus des journées douces sur / l’avoine […] ». 11 la barbe dorée de mon père partant / pour la majesté des chemins de fer ». 12 Mon enfance parcourut les saisons avec autour de moi, / les rails, les châteaux de bois frais / et la maison sans ville, à peine protégée / par des troupeaux et des pommiers au parfum ineffable / je vécus, mince enfant à la forme pâlotte, / En m’imprégnant de forêts vides et d’entrepôts ». 13 Ici notre traduction diverge de celle que C. Couffon propose pour estaciones » dans sa version du Chant général, Paris, Gallimard, 1977, p 483. Couffon traduit estaciones » comme saisons ». Mais on peut dans la traduction française choisir le sens de gare » ou de saison ». 14 À propos des thèmes concernant les ponts et chaussées ouvrages d’art et le matériel roulant voir Puentes et Maestranzas de noche in Crepusculario 1920-1923, et Oda a la vieja estación Mapocho en Santiago de Chile in Tercer libro de las odas 1957 et Sueños de trenes in Estravagario 1958 in Pablo Neruda, Obras, cit., vol. I, pp. 52-53 et vol. II, pp. 455 et 664. 15 Le thème du voyage en train et la terre des origines revient quelques années plus tard dans Escrito en el tren cerca de Cautín, en 1958 et Oda a los trenes del Sur in Navegaciones y regresos 1959 in Pablo Neruda, Obras, cit., vol. II, pp. 796 et 726. 16 Voir à propos de ce poème l'étude de Javier Garcia Mendez, La impregnación consonántica y acentual La Frontera’ in Diez calas en el hacer de la poesía de Pablo Neruda. Residencia en la tierra y Canto general, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. “Mondes Hispanophones”, n° 26, 2001, pp. 182-194. 17 La casa in Pablo Neruda, Obras, cit., p. 695. 18 Ma maison et ses murs de planches fraîches / dont je sens encore le parfum branlante et biscornue / Maison de la frontière […] ». 19 des nuits / coléreuses et sans air, des chiens qui aboyaient ». 20 Avec l’aube, mon père, sur la terre enténébrée, / se faufilait dans ses trains qui hurlaient. / Vers quels archipels oubliés ? ». 21 Plus tard j’ai aimé l’odeur du charbon dans la fumée, / les huiles, les essieux, leur précision glacée, / et le train grave traversant, orgueilleuse chenille, / l’hiver allongé sur la terre ». 22 Soudain les portes ont trépidé. / Voici mon père ». 23 En 1963 Neruda reprend ce thème dans El padre. Ce texte s'ouvre sur une image nocturne dans laquelle l'irruption paternelle dans la maison de l'enfance recèle une menace, la fureur contenue du chef de famille. La dimension épique de la figure paternelle est insufflée dans le texte par les éléments qui l'entourent lors de son arrivée à la maison familiale. L'apparition nocturne du père est annoncée par les sifflets de la locomotive, et la pluie et le vent qui ajoutent à l'efficacité symbolique du texte. Cf. Memorial de Isla Negra in Pablo Neruda, Obras, cit., vol. II, p. 1025. voir aussi Mémorial de l’Ile Noire suivi de Encore, Paris, Gallimard, 1970, traduction de C. Couffon. 24 Dans ses mémoires Neruda revient sur le rapport entre le train et les conditions de vie misérables du jeune poète. Cf. Las casas de pensión in Pablo Neruda, Confieso que he vivido. Memorias, Barcelone, Editorial Seix Barral, coll. “Biblioteca breve3 n° 365, 1974, pp. de page Pour citer cet article Référence papier Pablo Berchenko, L’univers ferroviaire dans Canto general de Pablo Neruda », Cahiers d’études romanes, 10 2004, 273-284. Référence électronique Pablo Berchenko, L’univers ferroviaire dans Canto general de Pablo Neruda », Cahiers d’études romanes [En ligne], 10 2004, mis en ligne le 15 janvier 2013, consulté le 27 août 2022. URL ; DOI de page Auteur Pablo BerchenkoAix Marseille Université, CAER Centre Aixois d’Études Romanes, EA 854, 13090, du même auteur Paru dans Cahiers d’études romanes, 41 2020 Paru dans Cahiers d’études romanes, 30 2015 De Pérez Rosales à Blest Gana Paru dans Cahiers d’études romanes, 6 2001 Paru dans Cahiers d’études romanes, 17 2007 Paru dans Cahiers d’études romanes, 4 2000 Paru dans Cahiers d’études romanes, 3 1999 Tous les textes... Haut de page
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Noussommes 48 élèves de deux classes 6èmes du collège Pablo Neruda à Aulnay-sous-Bois, dans le département de la Seine-Saint-Denis, et nous avons le projet de partir en voyage linguistique et culturel à Londres. Notre collège accueille 720 élèves et fait partie des réseaux d'éducation prioritaire de l'académie de Créteil REP+.
Le Troyes Fois Plus - Christophe Alévêque SpectacleTroyes 10000Le 06/10/2021A 20h30 CHRISTOPHE ALÉVÊQUE Éternel retour. Alévêque décortique l’actualité en temps et en heure, et tout ce qu’en dit la presse. Est-ce un mal nécessaire ? Il donnait déjà les saisons dernières ses » revues de presse . Grand succès, il revient, humoriste engagé, dégagé, à la marge. Clown dérisoire ou missionnaire, comédien avant tout, Alévêque décortique l’actualité en temps et en heure, et tout ce qu’en dit la presse. Il redonnait la saison dernière ses revues de presse ». Grand succès, il revient, humoriste engagé, dégagé, à la marge. Clown dérisoire ou missionnaire, comédien avant tout, Alévêque décortique l’actualité en temps et en heure, et tout ce qu’en dit la presse. Revue actualisée à chaque représentation. Il déchiquette le monde, sans gilet pare-balles ni gilet jaune. Pour s’amuser, ensemble, de nos vies, dit-il, dans une thérapie de groupe improvisée. »Sur scène, il s’emmêle dans son foutoir de feuilles articles, prises de bec et de notes. Les élections, les faits divers, la crise de la confiance, la droite et la gauche déchirées, la dette, et le monde dans tous ses états et ses éclats de rire. Il met à mal l’impunité des gens de pouvoir et les manipulateurs[...]
Atravers une fiction pleine de poésie et de sensibilité, jalonnée d’événements réels qui ont marqué la vie du futur Pablo Neruda, Pam Munoz Ryan et Peter Sis entrainent le lecteur dans un voyage au pays de l’imagination. Jean Ferrat a chanté la Complainte de Pablo Neruda sur un poème écrit par Louis Aragon.
Orientation Formations Orientation Universités Ecoles Lycées Métiers Bac Pratique Examens Annuaire formations Parcoursup BTS Alternance Salons Etranger Masters Tests Brevet Formation Domaine ? Où ? Lycée Lycée polyvalent Pablo Neruda Saint-Martin-d'Hères - 38400 Première Objectif de la formation Enseignement Général et Technologique - Première Première S - SVT, Sciences de la Vie et de la TerreCoordonnées de la formation Lycée polyvalent Pablo Neruda Adresse 35, rue Henri Wallon 38400 Saint-Martin-d'Hères Téléphone 04 76 25 07 22 Site de la formation Fiche formation ajoutée par LE PARISIEN ETUDIANT mise à jour le Mardi 28 Février 2012 Demander une mise à jour Plan accès Lycée polyvalent Pablo Neruda35, rue Henri Wallon 38400 Saint-Martin-d'Hères Autres formations Lycée polyvalent Pablo Neruda BTS Electrotechnique Enseignement supérieur - BTS Electrotechnique Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères Première Première ES Enseignement Général et Technologique - Première Première ES Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères Première Première L Enseignement Général et Technologique - Première Première L Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères Première Première S - SVT, Sciences de la Vie et de la Terre Enseignement Général et Technologique - Première Première S - SVT, Sciences de la Vie et de la Terre Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères Première Première S, Sciences de l'Ingénieur Enseignement Général et Technologique - Première Première S, Sciences de l'Ingénieur Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères Première Première STI2D, Sciences et Technologies Industrielles, Développement Durable Enseignement Général et Technologique - Première Première STI2D, Sciences et Technologies Industrielles, Développement Durable Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères Seconde Seconde Générale et Technologique Enseignement Général et Technologique - Seconde Seconde Générale et Technologique Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères Bac Généraliste série ES Economique et Sociale Enseignement Général et Technologique - Baccalauréat Général et Technologique série ES Economique et Sociale Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères Bac Généraliste série L Littéraire Enseignement Général et Technologique - Baccalauréat Général et Technologique série L Littéraire Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères Bac Généraliste série S Scientifique Enseignement Général et Technologique - Baccalauréat Général et Technologique série S Scientifique Lycée polyvalent Pablo Neruda - 38400 Saint-Martin-d'Hères >> Retour sur la page Lycée polyvalent Pablo Neruda
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Biographielittéraire de Pablo Neruda qui reflète le double engagement du poète : dans l''histoire de son siècle et dans le monde sensible. Le film suit le voyage de sa vie, à travers les lieux et les gens pour trouver son terme à Isla Negra, où Pablo Neruda avait choisi de se poser et d''y construire sa maison-manifeste, véritable
NERUDA chronique La ruse de la fiction contre le despotisme pour un portrait de Neruda sous forme de récit légendaire. Astucieux et habile. Pablo Neruda Luis Gnecco s’était créé un monde à lui, un univers romanesque dont il était le héros. Un peu arrogant, un peu narcissique, intellectuel et artiste, insufflant de la gauche radicale dans les mondanités. Féru de polars, l’écrivain chilien sème des romans noirs partout où il passe à l’attention d’Oscar Peluchonneau Gael Garcia Bernal, l’inspecteur à ses trousses. Neruda, figure résistante communiste dans un Chili autoritaire, est en fuite. Il ne craint même pas pour sa vie, c’est lui qui dicte les règles, semble-t-il. Après une entrée en matière abrupte, presque péremptoire on est perdus pendant une bonne vingtaine de minutes, Pablo Larrain finit par suivre son héros à la trace dans un fabuleux jeu de pistes aussi politique que poétique. Il illustre le monde de l’artiste-penseur avec un écrin sublime. Après des premiers films particulièrement retors TONY MANERO ou SANTIAGO 73 POST MORTEM, notamment, le réalisateur a troqué son majestueux statisme pour de sublimes expériences formelles, une image laiteuse ornée d’halos irréels. Depuis NO, il manie même l’image et le mouvement avec une audace inouïe. Mais ici plus que jamais, le cinéaste énervé met du chic dans ses cadres. On roule en bagnoles sur des décors incrustés empruntés aux films noirs des 40’s. On porte le pardessus avec une grande élégance, on surjoue du regard. La voix off, celle d’Oscar Peluchonneau, nous emmène, en faisant plein de mystères, dans un récit postmoderne halluciné et hallucinant. NERUDA est le récit d’un grand récit, le film du film de la vie du poète. La terrible Histoire est racontée grâce à un dispositif ludique et un ton franchement décoincé. En plus d’être un ressort comique imparable permettant de moquer la répression, Peluchonneau à moitié abruti, à moitié con », nous dit-on cristallise la vanité de ceux qui veulent coûte que coûte marquer l’Histoire. Il court après Neruda, il est son cauchemar, sa chimère et le poète le lui rend bien. L’oppression combat un idéal, l’idéal combat l’oppression. Un face-à-face qui n’a jamais lieu. Et du film noir, NERUDA glisse sans avoir l’air d’y toucher vers le western neigeux, immense, fantasmatique, presque Tarantinien. Parce que Pablo Larrain a l’indécent talent pour le faire. Jusque-là son cinéma était massif, revêche, souvent mal-aimable et NO excepté, il était peut-être même inaccessible. Aujourd’hui, il est diabolique mais généreux dans sa maîtrise plastique et narrative. Toujours aussi orgueilleux, toujours aussi insolent, il est aussi devenu une évidence. De Pablo Larrain. Avec Gael Garcia Bernal, Alfredo Castro, Mercedes Moran. France/Chili. 1h47. Sortie le 4 janvier Les commentaires sont fermés.
Vouspouvez également vous rendre à Lycée Pablo Neruda par Bus, Train ou Tram. Ce sont les lignes et les trajets qui ont des arrêts à proximité - Bus: 12, C6, C7 Train: C1, C11, C6. Téléchargez l'application Moovit pour voir les horaires et itinéraires de transports disponibles à Saint-Martin-D'Hères. Il n'y a pas besoin de
... UN PAYS POÉTIQUE Du désert d’Atacama, au nord, jusqu’à l’extrême sud de l’archipel de la Terre-de-Feu, l’ombre du plus grand poète chilien plane sur cette immense bande de terre qui longe la Cordillère des Andes. Ce poème de Pablo Neruda résonne en nous comme un immense écho à notre aventure. Le Chili est le point de départ de notre dernier grand chapitre de tour du monde l’Amérique Latine. Itinéraire de Santiago aux portes de la Patagonie…Santiago du Chili, une capitale tentaculaire 2 joursLes yeux rouge sang et le corps affaibli, on se retrouve dans une petite auberge de jeunesse du Barrio Brasil », totalement déphasés mais le sourire aux lèvres. On est en train de vivre notre plus gros décalage horaire… 16h d’écart entre Auckland et Santiago du Chili dans un voyage à remonter le temps au-dessus de l’océan Pacifique. Nos premiers pas dans la ville sont assez hésitants. Le grand air néo-zéolandais a laissé sa place à de beaux nuages de pollution, couvés par les montagnes qui encerclent la région. La foule et le bruit, l’accent espagnol chilien et l’odeur de friture, mettent tous nos sens en alerte. On erre un peu comme des zombies dans cette fourmilière. Et nous sommes rapidement mis en garde par des vigiles à l’entrée des magasins qui nous conseillent de mettre notre sac à dos devant nous et de ranger nos bijoux. C’est notre premier rapport avec l’insécurité qui frappe de nombreux voyageurs en Amérique du sud. Mais on reste sereins car on croit en notre karma .Notre premier sentiment sur cette ville est mitigé. On se perd volontairement dans les différents quartiers pour ressentir l’atmosphère. Il y a de nombreux vendeurs de rues qui proposent des bricoles un peu vieillottes. Les stands de street-food n’ont pas l’air très appétissants. On monte dans un bus qui ne vend pas de tickets certainement par sécurité et on fait un peu le tour des grandes avenues ! De notre point de vue, Santiago n’est pas particulièrement enthousiasmante. Très bétonnée, les lieux de visites proposés par les guides se comptent sur les doigts d’une main. Deux jours ont donc été suffisants pour nous. On s’est promené dans les rues du Barrio Bellavista et du Barrio Lastarria où règnent une ambiance jeune et festive. Nous avons pris le téléphérique pour grimper en haut du Cerro San Cristobal. La vue est impressionnante. La ville est quatre fois plus grande que l’on pouvait l’imaginer ! Mais après un mois en Nouvelle-Zélande, l’oxygène des montagnes nous manque. On se sent enfermés dans cette immense ville. Plus d’un tiers de la population du pays vit dans la région de Santiago, environ 7 millions de personnes, soit plus que la population totale de Nouvelle-Zélande ! On décide donc de prendre un bus pour Valparaiso, située sur le littoral pacifique, à 1h30 de la capitale, on a besoin de prendre l’air…Valparaiso, la Vallée du Paradis » 3 joursValpo, ainsi prénommée par ses habitants, est une grande ville portuaire avec un passé glorieux et sulfureux. Le free walking tour » avec Gauthier, un français installé au Chili, nous a bien éclairé sur la réputation de cette ville. Au XIXème siècle, le port de Valpo servait d’escale pour tous les bateaux qui acheminaient leurs marchandises entre l’Atlantique et le Pacifique via le détroit de Magellan. Elle était donc un lieu de commerce et de nombreux excès alcool, sexe pour les marins qui avaient passé de nombreuses semaines en mer… Depuis ce port, des générations de marins sont partis à la chasse aux baleines du Pacifique ou à la conquête de l’or de Californie. Ils considéraient Valparaíso comme le Joyau du Pacifique ». La ville a donc connu un essor considérable jusqu’à la création du canal du Panama. Ce nouveau passage maritime a détourné toutes les routes du commerce en Amérique centrale et a plongé Valparaiso dans la crise. .Désormais, même si le port fonctionne encore, la ville trouve un nouveau dynamisme grâce à la culture et à son charme qui attire le tourisme local et international. La ville est construite sur 42 collines cerros qui forment un immense amphithéâtre avec une vue extraordinaire sur le centre-ville et la mer. Ces collines ont leurs propres rues et des ascenseurs les funiculaires qui les relient au centre historique. Plus l’accès de la colline est difficile plus la population est défavorisée. Il y a donc quelques collines fortement déconseillées aux touristes car assez dangereuses. Mais le charme de cette ville se trouve surtout dans toutes ses maisons colorées et dans le street-art qui habille joliment les murs. Il est autorisé de manière très libre dans les rues et certains artistes se sont forgés une renommée nombreuses auberges de jeunesse sont gérées par des français qui croient fortement en l’attractivité touristique de la ville. Nous sommes restés 3 jours dans l’une d’entre elles, la Casa Piola, située sur le cerro miraflores » où nous avons été invités dès le premier soir à un barbecue. Les anciens propriétaires chiliens et les nouveaux propriétaires français et leur famille fêtaient ensemble la passation du fonds de commerce. Un moment joyeux sur la grande terrasse extérieure qui est un lieu plein de vie où tout le monde voyageurs, bénévoles, gérants discute et partage ses repas. A cet instant, nous nous sommes vraiment sentis en Amérique du sud. L’atmosphère joviale, la forte chaleur adoucie par un petit air marin, une bouteille de vin rouge chilien, les discussions fleuries dans toutes les langues…tout était parfait !Le free walking tour », précédemment cité, qui démarre tous les jours de la plaza Sotomayor est aussi une bonne entrée en matière pour comprendre l’histoire du Chili. L’événement marquant de l’histoire du pays est le putsch militaire du général d’Armée, Augusto Pinochet, le 11 septembre 1973. Le coup d’Etat, soutenu par les Etats-Unis, renverse le gouvernement socialiste du président Salvador Allende. Une grande période de répression s’en suit. La liberté de la presse est abolie, le couvre-feu instauré. Toutes les formes de littérature rattachée au socialisme sont interdites et les opposants au régime arrêtés, exilés, torturés ou exécutés. Cette dictature militaire dirige le pays jusqu’en Street Art est précisément apparu à Valparaiso avec une idée d’engagement politique. Les tags et graffitis étaient porteurs de messages d’opposition à la dictature en place. Il sont aujourd’hui aussi artistiques et esthétiques. Nous avons passé notre temps à flâner dans les ruelles du cerro allegre et du cerro conception à admirer ces dessins sur tous ces murs collorés. Nous avons trouvé des cafés branchés et des petits restaurants délicieux où déguster une des spécialités chiliennes le ceviche ! Une sorte de tartare de poisson cru sauce chilienne accompagné d’un verre de pisco sour… Vous pouvez grimper en haut du cerro Artilleria qui jouit d’une vue imprenable sur la baie de Valparaiso et son ballet incessant d’appareillages pour le Pacifique sud. Si vous souhaitez enfin découvrir la vie du poète Pablo Neruda, vous pouvez visiter son ancienne demeure, la Sebastiana ».Sur les quais de Valparaiso, flotte déjà une impression de bout du monde, un pressentiment de grandes traversées, un parfum d’île de Pâques et de Patagonie. Il est donc temps pour nous de prendre la direction du vous cherchez une auberge de jeunesse sympa, on vous conseille, La Casa Piola // Retrouvez plus d’hébergements à Valparaiso en cliquant vous cherchez un restaurant local pour déjeuner bon rapport qualité prix – Le ChinchineroTalca, une destination lunaire 2 joursLa ville de Talca, située à 300 kms au sud de Santiago, n’est pas un haut lieu du tourisme. La ville fut en partie détruite lors du séisme de 2010 d’une magnitude de Par contre, de fabuleuses randonnées sont accessibles à proximité dans la réserve nationale Altos de Lircay ». L’une des plus spectaculaires est appelée el Enladrillado ». Une randonnée de 7h30 qui s’achève sur un plateau lunaire à 2200 mètres d’altitude, avec une vue à couper le souffle sur les plus hauts sommets de la région. Un mythe entoure cette région. Le grand nombre d’observations d’OVNIS au cours des dernières décennies a conduit certains à penser que ce lieu était une piste d’atterrissage pour les visiteurs d’autres galaxies…ConseilsBus Valparaiso – Talca 10 600 pesos / pers – 6hNuit Talca Hostel del centro Retrouvez plus d’hébergements à Talca en cliquant iciComment se rendre à la Réserve nationale Altos de Lircay ? Depuis la commune de Talca, prendre un micro-bus pour Vilches Alto au terminal local à 7h du matin – 1H30 de trajet / Retour avec le même bus depuis Vilches Alto dernier départ 17h / Tarifs 3800 pesos/pers Rando El Enladrillado » 7h30 de marche / 28 kms / 1000 d+ / niveau difficile / Prix d’entrée 5000 pesos / la région des 7 lacs 3 joursOn continue à descendre sur la Panamericana Sur » jusqu’à Pucon. Une très jolie ville, constituée principalement de chalets en bois, au bord du lac Villarica. Elle tranche complètement avec toutes les autres villes que nous avons traversés depuis le début de notre aventure au cours du XIXème siècle, de nombreuses villes ont été fondées dans la région des grands lacs par des immigrants allemands. Avec le soutien du gouvernement chilien qui voulait peupler les terres du sud du Chili, de nombreux colons se sont installés, intéressés en partie par l’exploitation forestière. Ainsi, l’architecture des maisons en bois nous donne l’impression d’être dans une station balnéaire ville dispose de nombreuses attractions touristiques, telles que des centres thermaux et des parcs naturels. En particulier le Parc national Huerquehue et le Parc national Villarrica où se dresse majestueusement le volcan Villarrica. Un volcan enneigé qui domine la région du haut de ses 2847 mètres. Ce colosse dont le nom signifie en mapuche la montagne du démon fait partie des volcans les plus actifs d’Amérique du Sud. Il est constamment visible depuis la ville et on a vraiment du mal à le quitter des de ce volcan est une attraction irrésistible mais elle coûte chère environ 100 euros / pax. Et parfois dans un tour du monde, il faut faire des choix difficiles pour des raisons financières… On a beaucoup moins regretté quand les autres voyageurs de l’auberge de jeunesse qui ont réalisé l’ascension nous ont fait le récit de leur expérience. Malgré un soleil radieux, le vent qui soufflait très fort sur la crête du volcan les a obligés à faire demi-tour. Et dans ce contexte pas de remboursement… cela arrive assez avons opté pour la randonnée Los Lagos » dans le parc national de Huerquehue. On a été un peu déçu. A vrai dire, nous sommes beaucoup plus friands des randonnées au grand air avec une vue dégagée sur les montagnes qu’enfermées dans une forêt région d’Araucanie est surtout la terre des Indiens Mapuches qui combattirent héroïquement les conquistadors espagnols et le gouvernement chilien. La situation est encore assez tendue. Quelques jours avant notre arrivée, la mort d’un indien mapuche, en marge d’une opération des forces de l’ordre a déclenché de vives tensions. Les Indiens revendiquent des droits sur des terres qui leur appartenaient par le passé et qui sont de nos jours aux mains de grands propriétaires terriens voire de multinationales chargées d’exploiter les ressources forestières…ConseilsBus Talca – Pucon 11 300 pesos / pers – 9h avec TurbusNuit Pucon Hostel French Andes Retrouvez plus d’hôtels à Pucon en cliquant iciInfos Rando Los Lagos » Parc national Huerquehue 4h30 de marche / 12 kms / niveau moyen / Prix d’entrée 5000 pesos / pers. Bus A/R 4000 pesos par pers. 1hPuerto Varas, la région des 7 lacs 4 joursLa ville de Puerto Varas, encore un peu plus au sud, fait également partie de la région des grands lacs. Elle profite d’une vue exceptionnelle sur le volcan Osorno et le lac Llanquihue, le deuxième plus grand lac du Chili. L’architecture coloniale y est aussi typiquement lac Llanquihue permet des activités de plein air comme la pêche et le kayak. Et à 68 km de là, le volcan Osorno et son parc offrent de belles promenades ainsi qu’une petite station de sports d’hiver équipée de deux télésièges. Nous avons réalisé avec Pierre, le propriétaire de notre hostel, l’ascension du volcan et une descente en VTT. Un moment extra, plein de bonne humeur. Depuis la station de ski, on est partis pour une courte randonnée sur le flanc sud du volcan. Le sentier nous a mené jusqu’à deux cratères, l’un de couleur noire et l’autre de couleur rouge. La vue sur les Andes y est spectaculaire. Il y a aussi un superbe panorama sur les volcans voisins Puntiagudo, Tronador et Calbuco. Le Chili est de fait le pays qui compte le plus grand nombre de volcans au monde… Attention, le volcan Osorno est toujours actif. Il est entré en éruption en 2015 ce qui a nécessité l’évacuation de milliers de environ 29km au nord, Frutillar est une autre ville du lac Llanquihue sous forte influence culturelle germanique, où il est agréable de passer une après-midi. Il est possible d’y aller rapidement en bus ou de faire l’aller-retour en VTT pour les plus part, vous devez absolument vous rendre dans le parc national de Pétrohué. Le village du même nom, perdu dans la forêt est le point de départ d’une randonnée exceptionnelle entre lac et volcan el Sendero de désolacion ». Sur la même route, à l’aller ou au retour, arrêtez-vous aux chutes de Pétrohué. Ces belles cascades, issues du lac Todos los santos », s’écoulent avec en toile de fond le volcan Osorno… Magique !ConseilsBus Pucon – Puerto Varas 9 500 pesos / pers – 5h avec la compagnie JACNuit Puerto Varas Hostal Margouya Patagonia Retrouvez plus d’hôtels à Puerto Varas en cliquant iciActivités Ascension du volcan 4h + descente en VTT 1h + transport A/R – 27000 pesos/paxRandonnée dans le parc national de Pétrohué sendero de la désolacion » – GratuitDécouverte des chutes de Pétrohué – Entrée 4000 pesos/paxVisite de la ville de Frutillar – En bus 4800 pesos A/R par pax Comment se rendre au Parc national de Pétrohué prendre un micro bus en centre-ville pour 2500 pesos par pax. Faire du stop pour revenir jusqu’au chutes de Pétrohué. Prendre ensuite un bus pour rentrer pour 2 000 pesos par pax. Il est évidemment possible de faire du stop à l’aller et au Rando Sendero de la désolacion » Parc national de Petrohué 6h de marche / 20 kms / niveau facile / Prix d’entrée gratuitCastro, l’île de Chiloé 2 joursL’île de Chiloé est renommée pour ses belles églises en bois classées au patrimoine culturel de l’humanité et ses maisons sur pilotis, les palafitos ». Peintes de toutes les couleurs et très pittoresques, elles font le charme de la ville de Castro. Vous pouvez vous balader dans la ville sur les bords de mer ou partir sur la journée dans le parc naturel de avons ensuite pris un bus en direction de la ville portuaire de Quellon, au sud de l’île. Le point de départ de notre traversée en ferry de 2 jours dans les fjords de Patagonie… Là, commence notre épopée dans l’une des plus belles parties du monde qui mérite un article complet à la hauteur de sa beauté !Bus Puerto Varas – Castro 6 500 pesos / pers – 4hNuit Castro Hostal Palafito Waiwen >> Retrouvez plus d’hôtels à Castro en cliquant iciBus Castro – Quellon 2 500 pesos / pers – 1h30Ferry Naviera Austral 17 450 pesos / pers – 2 jours 2 nuits – Départ à 23h du soir.*Ce poème fait l’objet d’une polémique liée à son auteur original Pablo Neruda ou Martha Medeiros, femme de lettres brésilienne. Le plus important reste ce que le poème exprime et nous fait ressentir…
LawrenceFerlinghetti, figure clé de la Beat Generation et dernière voix de ce mouvement majeur du vingtième siècle, a fêté le 24 mars dernier ces cent ans. Cent ans d’une Vie vagabonde, dont ces carnets de route, écrits à chaud entre 1960 et 2010, donnent une idée de la richesse et de la densité. Lawrence Ferlinghetti voit le jour
La Review de Cannes Neruda de Pablo Larrain Synopsis 1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète. Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire. Extrêmement déroutant ce nouveau long métrage de Pablo Larrain No, El Club. En faisant le portrait de Pablo Neruda, célèbre poète communiste sud-américain, Pablo Larrain évite le classicisme et prend le parti-pris audacieux de représenter le célèbre poète communiste sous le prisme de l’imaginaire chilien. Raconté comme un immense poème onirique, Neruda surprend par ses intentions visuelles aux allures de grand film d’époque dopé à l’éclatement de la narration. Pas sûr que tous apprécieront l’étonnante singularité du film. Par son apport poétique, Pablo Neruda est une gloire reconnue mondialement puisqu’il a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1971. Le récit du sixième long métrage de Pablo Larain démarre donc en 1947 autour de cette figure symbolique qui fût sénateur communiste dans son pays natal. Opposé au gouvernement populiste en place et désormais considéré comme un traître, il n’a pas d’autre choix que de fuir. Ainsi, de ses cachettes à sa traversée de la Cordillère des Anges, Neruda passe d’aventures en mésaventures, poursuivi par un enquêteur imperturbable. Plus que la réalité des faits, c’est l’impact dans l’imaginaire populaire chilien qui intéresse le cinéaste. Il est un intellectuel, un combattant, un charmeur de ces dames, un poète, un diplomate que Larrain tente de faire réfléchir sur son introspection, le tout avec la volonté de le descendre de son piédestal un homme comme un autre, avide de luxure et d’égocentricité tout en le maintenant à la hauteur du symbole qu’il représente. Avec quelques films sombres à son actif Tony Mareno revenant sur le putsch du Général Pinochet ou El Club sur les prêtres pédophiles, Pablo Larrain déborde de folie dans ce film lyrique original qui se démarque par la forme en miroir de son récit. Dès lors que Pablo Larrain s’enflamme sur la relation fantasmée entre Neruda et son poursuivant, le film devient un anti-biopic déconcertant qui sublimera les cinéphiles avertis et surprendra les spectateurs moins réguliers. A cet instant, Neruda devient une icône, un objet de fascination autant pour le peuple que pour son poursuivant qui devient le héros d’une histoire annexe. Ce dernier commente en voix-off cette étrange chasse à la souris dans lequel il serait le chat déterminé à attraper sa proie. Dans ce monde où la véracité des faits laisse place à l’imagination fantasque, le policier devient une sorte de personnage de fiction qui parcourt la vie de Neruda. Il est celui qui le rend plus iconique encore. Il y a quelque chose de fondamentalement hollywoodien dans ce film, que ce soit par la représentation fantasmée à l’excès de la vie de Neruda, l’utilisation régulière et étalée dans le film d’un thème musical principal et son parti-pris visuel qui dévoile volontairement les ficelles des effets spéciaux de l’époque, comme pour bien montrer que Neruda n’est pas à prendre au pied de la lettre. Pablo Larrain se laisse emporter par le souffle épique de cette existence rocambolesque. Si l’interprétation des acteurs est tout ce qu’il y a de plus convenable, on est malgré tout très loin de la magnificence de l’existence et le combat de Neruda. Par sa ressemblance troublante avec le poète, Luis Gnecco incarne ce rôle complexe avec simplicité et efficacité, mais loin de la grandeur d’un chilien reconnu internationalement. A ses côtés, Gael Garcia Bernal incarne son poursuivant avec un air froid et impassible et des yeux constamment plissés, sans qu’il ne quitte cette attitude de tout le film. Dès lors que Pablo Larrain s’autorise tout ce qu’il veut par la liberté fantasmée de cette icône, le film a tendance à irriter dans certains de ses parti-pris notamment lorsque des personnages discutent d’un seul et même sujet mais découpé au montage dans divers endroits, comme pour montrer qu’il est question de Neruda, partout et tout le temps. Sauf que le procédé répété à force anéanti l’audace initiale. Reste donc ce road-movie irrévérencieux qui déstabilisera les esprits les plus cartésiens tandis que ceux qui accepteront l’idée de s’ouvrir à une nouvelle forme de narration seront charmés. Pour bien saisir toute la singularité du film, il faut se tourner vers Pablo Larrain qui ne pouvait pas trouver plus métaphorique que dire C’est plus un film à la Neruda qu’un film sur Neruda ».Voir aussi — Neruda Un film de Pablo Larrain Avec Gael Garcia Bernal, Alfredo Castro, Luis Gnecco… Distributeur Wild Bunch Durée 108 minutes Genre Drame, Biopic Date de sortie indéterminée Chili, Espagne, Argentine, France – 2016 Neruda Bande-annonce
Poètede la nature, provincial ayant connu tardivement la capitale chilienne, Neruda a très peu fréquenté le thème de la ville. C’est lors de son séjour en Orient, entre 1927 et 1932, que le motif fait irruption dans son œuvre comme territoire étrange et étranger. Dans quelques textes en prose de Residencia en la tierra, la fonction de la ville est analysée comme décor
Publié le 11/02/2014 à 1227 Le cinéaste chilien Pablo Larraín se prépare à raconter un aspect de la vie du célèbre poète et écrivain chilien. Briquet Nicolas/ABACA/© Mondadori Portfolio/Rue des Archives Le réalisateur Pablo Larraí n s'apprête à réaliser un biopic sur le poète et écrivain chilien, se centrant sur sa période d'engagement communiste. Pablo Larraín se lance dans un film sur le poète, écrivain et homme politique Pablo Neruda 1904-1973. Le réalisateur de Nó va centrer son intrigue sur les deux ans, de 1946 à 1948, où le futur Prix Nobel de littérature était sénateur et membre du parti communiste chilien. Prenant parti contre la répression d'un mouvement de grève de mineurs, il est alors menacé et préfère vivre dans la dans son exil qu'il rédige le recueil de poèmes Canto General, une ode épique dans laquelle il se fait le chroniqueur de l'histoire latino-américaine. Le producteur et frère du réalisateur, Juan de Dios Larraín, explique comment le long métrage entend aborder la manière dont Neruda définit son identité d'être humain».Fortement marqué par l'histoire de son pays, le réalisateur aime à multiplier les films qui touchent au passé récent du Chili. Larraín se plaît à mettre en scène des personnages pris dans le tourbillon d'actualités souvent agitées, avec un parti pris campagne en faveur du Non» à Pinochet, comme une pub de savonPar exemple, Nó raconteà travers les yeux d'un brillant publicitaire interprété par Gael García Bernal, l'histoire vraie de la campagne de 1988 contre Augusto Pinochet. Une campagne électorale en faveur du Non», chatoyante, vive et enjouée comme une pub de savon! Innovante et faussement ingénue, cette série de spots télévisés n'évoquaient à aucun moment la dictature de Pinochet, mais qui brodait plutôt sur des thèmes généraux comme la joie, la gaieté. Cette campagne avait fait basculer la majorité de manière le biopic sur Pablo Neruda, Pablo Larraín s'est entouré du dramaturge Guillermo Calderón, qui partage avec lui la même sensibilité par rapport à l'histoire et la mémoire. Ce dernier avait coscénarisé le film Violeta se fue a los cielos, biopic sur une chanteuse populaire chilienne, présenté en 2012 au festival de Sundance.
EntreGael García Bernal et Pablo Larraín, c'est une belle histoire cinématographique qui est en train de s'écrire.Après avoir joué un publicitaire anti-Pinochet dans No en 2012 pour le
Synopsis 1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète. Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire Neruda – affiche Après No 2013, le prolifique Pablo Larraín reconduit l’excellent duo Gael Garcia Bernal et Luis Gnecco dans Neruda. L’acteur mexicain incarne ici le policier chargé de traquer le poète-communiste Pablo Neruda joué par Gnecco. Avec ce film, le cinéma de Larraín prend une tournure des plus appréciables et pertinentes tant il parvient ici à questionner la porosité et la spécificité des rapports entre fiction et fait historique par l’entremise d’un médium dont il maîtrise de mieux en mieux le langage. Son biopic », avec ses figures historiques plus ou moins connues, s’aventure dans un espace fictionnel envoûtant aux dimensions fantastiques, voire surréelles. Le cinéaste chilien s’amuse des genres cinématographiques passant progressivement du thriller, avec cette chasse au fugitif, au western, avec ces chevaux et montagnes enneigées. Il filme les Andes à la frontière de l’Argentine comme un paysage de western crépusculaire, presque métaphysique. Un royaume des morts qui sert de final à une course-poursuite qui voit ces deux hommes plongés dans les tréfonds de leur conscience et de leur intimité, dans une sorte de rêverie incandescente. La nature sauvage d’un blanc presque immaculé laisse un vide quasi existentiel plané au-dessus de cette figure du double. Chacun renvoyant ses désirs et ses craintes à l’autre. Le film joue jusqu’au bout sur le caractère contrasté de ces deux antihéros romanesques aux multiples facettes. Fils d’un prestigieux policier chilien, Oscar Peluchonneau n’en reste pas moins un fils du peuple une mère prostituée, une plaie » identitaire dont il ne pourra jamais se défaire malgré ce désir ardent de faire ses preuves, d’effacer à tous prix cette erreur ». À l’inverse, Pablo Neruda est une sorte de prince », un être dionysiaque vivant d’amour et d’ivresse. Il mène une vie d’intellectuel de gauche entre soirées oisives et autres bordels, il prend tout de même le temps de s’offusquer de la misère sociale qui ronge son pays ainsi que la souffrance de son peuple la répression politique. . Neruda . Artiste mégalo, mari aimant, amant généreux, figure politique insatiable et poète génial, Pablo Neruda voit la vie comme un simple jeu à l’instar de toute fiction. Ni pure réalité ni pure fabulation, c’est un monde qu’il a pris soin de créer de toute pièce, à l’image de cette histoire fantasmée de double. Un jeu de chat et de la souris » basé sur des indices littéraires qu’il sème malicieusement et qui tissent une relation de fantasme et de respect entre deux hommes qui se rêvent plus grand que nature, plus fictionnelle que réelle. Neruda thématise ce rapport à la réalité en travaillant sa dramaturgie tout autant que son imagerie comme des moyens techniques et artistiques propres à voyager entre l’intérieur et l’extérieur de l’immersion fictionnelle. Chez Larraín, la fiction vient recouvrir l’histoire officielle, d’un autre monde des possibles. Sa vision poético-romantique donne les pleins pouvoirs à l’artiste, au poète modélisant le réel à sa guise. L’histoire officielle n’est finalement rien d’autre qu’un roman vrai ; les apparitions de Pinochet ou de Picasso rappellent la porosité entre les deux univers, ou comment la fiction peut aussi intégrer l’histoire, s’approprier ces figures, et leur donner cette aura romanesque, presque légendaire. Cinéma et poésie se retrouvent ici en tant qu’art du temps et comme art total, synthèse du visuel et de l’ouïe. Larraín aime les atmosphères singulières, marquées. . Neruda . Après le grain très 80’s de No et le voile bleuté de El Club, c’est du côté du violet et du sépia que lorgne Neruda. Pour accompagner ce travail de l’image, c’est avec la voix-off, dialogue donnant un accès à la conscience de ses personnages, que Larraín irradie son film d’une aura littéraire. Et c’est par le montage – ces fameux faux raccords – que le film s’émancipe d’une logique de narration linéaire ; celle-ci devenant heurtée et abstraite, plus à même de se recentrer sur les errements de ces personnages et moins sur l’efficacité de leurs actions. Loin d’être épuré, l’art cinématographique de Larraín recèle d’artifices et semble parfois se gonfler gratuitement par pure complaisance, mais projette un espace de possibilité fait de surprise et de suspense à l’imaginaire foisonnant. Avec Neruda, la mise en scène anecdotique dont souffrait No se substitue à une imagerie et à une dramaturgie travaillant ensemble au service de la figure du poète, d’une vision poétique du monde, elle seule capable d’atteindre une vérité idéale. . . . NERUDA de Pablo Larraín en salles le 4 janvier 2017. Avec Gael Garcia Bernal, Luis Gnecco, Alfredo Castro, Mercedes Morán, Diego Muñoz, Emilio Gutierrez Caba, Pablo Derqui, Alfredo Castro… Scénario Guillermo Calderon Production Juan de Dios Larrain, Peter Danner, Renan Artukmaç, Alex Zito, Renan Artumaç, Fernanda Del Nido… Photographie Sergio Armstrong Décors Estefania Larrain Costume Madeline Fontaine Musique Federico Jusid Distribution Wild Bunch Durée 1h48 .
Letrain de la vie – Jean d’Ormesson À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train.
Par Lepetitjournal Santiago Publié le 24/04/2015 à 0300 Mis à jour le 06/01/2018 à 1413 La Casa Isla Negra, ancienne demeure de Pablo Neruda, est un musée magnifique à seulement 120 km de Santiago sur la côte pacifique. Collections en tout genre, architecture extravagante, la visite est passionnante Entrer dans la Casa Isla Negra c'est entrer dans la vie d'un poète, le plus grand poète chilien Pablo Neruda. A seulement 1h30 de Santiago 120 km à l'ouest, dans la commune de Quisco ? région de Valparaiso ? cette maison transformée en musée est un véritable voyage poétique. Pour 5000 pesos ? 1500 pour les mineurs, les étudiants et les seniors ? la visite vous permet de comprendre qui était Pablo Neruda grâce aux objets qui ont marqués sa vie, mais aussi à l'explication de son quotidien, bercé sans cesse par le lyrisme et la poésie. Le lieu étant victime de son succès, les bus qui vous y emmènent sont souvent pleins, n'oubliez donc pas de prendre votre aller et retour en avance. La maison est ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h, et ferme à 20h aux mois de février et de janvier. Un peu d'Histoire Pablo Neruda a acheté cette maison en 1938 à un vieux capitaine espagnol alors qu'il revenait d'Europe. Ce n'était à l'époque qu'une petite cabane de pierre faisant face aux puissantes vagues du Pacifique. Dès 1943, le poète commença à agrandir la maison avec l'architecte catalan German Rodriguez Arias. Elle ne prît sa forme actuelle qu'en 1965. Il y ramena toutes ses trouvailles de voyages, et en fit une véritable ode à la mer. Cette maison magique vit naître plusieurs recueils, mais lui servait aussi pour recevoir des personnalités, que ce soit à titre personnel, ou dans le cadre de ses fonctions politiques. En 1973, lorsqu'il meurt, la maison est expropriée alors qu'il l'avait cédée au Parti Communiste. Il a fallu attendre la fin de la dictature militaire pour que les restes de Neruda soit enterrés aux côtés de sa dernière femme, Matilde, dans le jardin d'Isla Negra, face à la mer. 500 m2 d'émerveillement Les dizaines de pièces qui composent la maison se visitent à l'aide d'un audio guide - français disponible -pour une durée minimale de 30 minutes. Il est possible de prendre son temps pour apprécier pleinement le caractère si particulier de cette maison. Chaque pièce est construite soit comme l'intérieur d'un bateau, soit comme l'intérieur d'un train. Au fil de la visite défilent les différentes collections du poète, tête de proues, cadres en tout genre, pipes, papillons, jouets d'enfance, etc. Difficile de décrire une atmosphère si puissante sans le style extraordinaire de Neruda lui-même. La météo n'est qu'un détail, le mauvais temps ne faisant qu'ajouter un peu de mysticisme à ce lieu d'exception. Avant de quitter ce lieu mystique, faites un détour par le restaurant dont la gastronomie maritime vous ravira. Il est même possible de commander le plat préféré de l'écrivain. Cette visite, faisable en une journée est à ne pas manquer, car des trois maisons du poète ? les autres étant à Santiago et Valparaiso ? celle-ci est de loin la plus belle. Benjamin Delille Vendredi 24 avril 2015 Lepetitjournal Santiago L'édition de Santiago de le média des Français, des francophones et des francophiles à l'étranger À lire sur votre édition locale
42E4T. 6cz5ncbre3.pages.dev/4906cz5ncbre3.pages.dev/2956cz5ncbre3.pages.dev/4396cz5ncbre3.pages.dev/1656cz5ncbre3.pages.dev/2106cz5ncbre3.pages.dev/3886cz5ncbre3.pages.dev/1456cz5ncbre3.pages.dev/120
le train de la vie pablo neruda